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Le "puzzle éduen" d'Autun pourrait être percé à jour grâce au numérique

En 1839 et 1846, plusieurs centaines de fragments provenant d’une inscription en marbre sont mis au jour dans une cave du quartier Marchaux à Autun, là où l’on situe le forum de l’antique cité d’Augustodunum. La découverte fait grand bruit à son époque, mais retombe dans l’oubli pendant plus d’un siècle. Au début des années 2000, une recherche menée par Michel Kasprzyk, dans le cadre de sa thèse de doctorat, la remet sur le devant de la scène.

Les 1250 fragments formaient jusqu’à présent un « puzzle » complexe et incomplet impossible à restituer. En dehors de la notice du CIL (Corpus des Inscriptions Latines), l’inscription n’a jamais été publiée, ce « puzzle infernal » ayant découragé tous ceux qui ont tenté d’en percer les secrets. La raison tient principalement au fait qu’il s’agissait d’historiens et de latinistes qui ne s’intéressaient qu’au texte lui-même et non pas à son support concret et matériel, négligeant ainsi une multitude de paramètres utiles à sa reconstitution.

La reprise du dossier par une équipe de chercheurs doit permettre de faire l’inventaire exhaustif des fragments, de conduire une analyse géologique des marbres employés, de comprendre le contexte de découverte et de préciser la teneur du texte de l’inscription, a priori, des textes officiels du Ier s. de notre ère.

Trois laboratoires de recherche (UMR 8210 ANHIMA de Paris, UMR 6298 ARTEHIS et UMR 6306 le Le2i de Bourgogne) sont associés dans ce projet transdisciplinaire utilisant les technologies numériques. Historiens, archéologues, géologues rassemblent les principales caractéristiques de chaque fragment (matériaux, épaisseur, taille, écriture…) dans une base de données qui servira de socle pour développer un protocole dont l’objectif final est le remontage de l’inscription. Au vu du nombre très important de fragments à traiter et afin de limiter leur manipulation, ils ont été numérisés en 3D, l’ensemble étant inscrit dans un espace commun de travail pour retrouver d’éventuels assemblages.

Le travail en cours commence à porter ses fruits et les premiers assemblages, en vue d’un remontage partiel, semblent très prometteurs.